C’est chez Yeti, bombardé pour l’occasion fournisseur de préventes, que nous avons retrouvé celle qui habille les fesses des filles qui n’ont pas froid aux yeux. Delphine von Kaatz ne se contente pas de faire le buzz avec le cul de Beth Ditto de Gossip, elle organise aussi des soirées-friandises au nom exquis. Ce samedi 18 mai, après la gay pride, aura lieu une Grosse Praline avec les partouzeurs de Stereo Total en concert. On a sauté sur l’occasion pour rencontrer Delphine!
T’es
qui ?
Delphine von Kaatz, de Bruxelles. Je fais des culottes et
des fêtes. Des petites culottes et des moyennes fêtes.
C’est quoi, Mon Cul Ta Praline, un truc de lesbiennes hipster ?
Non ! Déjà, c’est mixte. C’est welcome à tout le monde. C’est vrai que ça fait soirée de lesbiennes parce qu’il y en a beaucoup — tant mieux ! — et parce que la programmation est souvent assez féminine. Ça, j’y tiens.
Hipster ? non ! Non non non ! C’est plutôt une boum, en fait.
C’est une soirée dans laquelle il y a plein de trucs.
La structure, c’est un live. On aime bien que les gens aient des choses intéressantes à se mettre dans les oreilles et dans les yeux.
Puis des dj de toutes sortes et très chouettes, évidemment.
Et un atelier qui prend des formes très très différentes : Antigel, qui est quasi résidente de l’organisation, fait des ateliers tous plus farfelus les uns que les autres, on a déjà eu genre un atelier « tuning de cheveux » ou un Arbre-à-pécho. Là, ça va être un atelier participatif, le Queerzz. Un peu comme jeu télévisé mais pour tester tes connaissances sur les icônes queer.
Et la tombola : quand les gens arrivent, chacun a un ticket. Cette fois-ci, c’est une grosse tombola puisque c’est une Grosse Praline. Donc au lieu d’avoir une petite culotte Delphine von Kaatz, on aura un body. Un body transparent avec un œil devant. Il y aura aussi des lots de chez Lady Paname à gagner, pour les filles et pour les garçons. Et puis il y aura plein de lots de consolation et là, les lots de consolation vont être assez consolants, ça ne va pas être des petites merdasses.
Et puis il y a un code vestimentaire aussi. Ce coup-ci, c’est « Maquillé comme un camion volé ».
Déjà
treize éditions !
Théoriquement, c’est la treizième mais elle ne s’appelle pas treize parce que
c’est la Grosse Praline.
Est-ce que tu t’attendais à ça, au départ ?
Ça devait être un one shot, au départ, Mon Cul Ta Praline. C’était même pas une soirée, c’était une fête d’au revoir. En fait, c’était il y a quatre ans et j’étais censée quitter la Belgique. Ça m’avait donné envie d’organiser un truc avec une vraie programmation. Donc, j’avais invité Inga la Douce qui fait du burlesque et Déborah Degouts — c’est du gros rock n’roll. Ça avait réuni pas mal de gens et la soirée a pas mal marché. Et puis en fait, je ne suis pas partie. Et du coup, ça m’a donné envie d’en faire une deuxième et les gens avaient envie aussi et puis voilà.
Tu
les fais à quelle fréquence ?
C’est selon l’énergie. Des fois, j’ai beaucoup d’énergie, alors, c’est tous les
deux mois ; des fois, j’ai pas d’énergie, c’est tous les un an. Mais sinon, la
fréquence régulière, c’est tous les trois mois.
Comment
tu fais pour avoir autant de gens gentils et beaux à tes soirées ?
Ah ! c’est une excellente question ! Alors, je crois que le texte de l’event
fait marrer les gens. Puis le nom aussi. Après, c’est vrai que c’est parti d’un
cercle d’amis qui ont eux-mêmes invité leurs amis qui ont eux-mêmes invité
leurs amis, ça reste un truc assez familial quoi, mais plus gros. Mais c’est
vrai que le public, il est assez ouf !
Cette
Praline sera une Grosse Praline, qu’est-ce qu’elle aura de
particulier ?
C’est une Grosse Praline parce qu’elle a lieu dans un gros lieu et parce que
j’invite un gros groupe et que c’est la gay pride.
Ça
veut dire quoi, la gay pride, pour toi ?
C’est le gros carnaval trans-/pédés/gouines. [rires] En Belgique, je crois que
c’est juste ça, un gros carnaval trans-/pédés/gouines où on sort et on prend
plus de place que les autres jours. Parce qu’il y a pas mal de droits ici.
Vachement plus que dans d’autres pays — assez frontaliers, par exemple.
Tu
ne sens pas de discrimination ou de violence face aux homos en Belgique ?
Je crois que si il y a un climat de violence, c’est pas destiné spécifiquement
aux homos. Mais évidemment, il y en a aussi, hein. Il y a toujours des pédés
qui se font tabasser, des gouines aussi et du rejet dans des trucs plus privés.
C’est pas nécessairement du cassage de gueule dans les rues mais dans l’espace
familial, dans l’espace du boulot, ce genre de trucs. Mais bon, pour ça, tu ne
fais pas une gay pride.
C’est l’évolution naturelle, je crois, qui prend un peu de temps.
Grosse
Praline, nouveau lieu : tu vas faire ça à la Tentation. Mon Cul commençait à être à l’étroit ?
Oui. Un peu. Et puis surtout, il y a la pride donc il y aura plus de monde et
puis c’est Stereo Total donc il y aura plus de monde.
Et
tu comptes continuer là-bas ?
Non. Non non non non non. Au niveau tarifs, c’est tout à fait impossible ! Là,
c’est la première fois que je prends des gros risques, en fait, au niveau
financier. D’habitude, il y a des frais, mais là, c’est un peu plus… Le budget
de la salle, il est fois cinq, les budget du groupe, il est fois cinq. Si le
public pouvait être fois cinq, ce serait bien ! [rires] Une grande grande
famille de tous les pays!
Comment
tu t’es retrouvée à faire des culottes ?
À la base, j’ai une passion pour les fesses. Et ensuite, j’ai une passion pour
le stylisme. Donc j’ai associé deux choses que j’aime beaucoup.
Un jour, en fait, j’ai eu envie de décortiquer une culotte pour voir comment
elle était faite. Et puis à partir de ça, j’ai eu envie de m’en faire à moi.
Déjà pour avoir des looks que je trouvais cools, que je ne trouvais pas
forcément dans le commerce et puis pour aussi avoir un large éventail de
tailles. Et puis très vite, mes potes en ont commandées, puis j’ai fait un
premier défilé quasi deux mois après avoir fait ma première culotte. Après, le
truc est parti un peu tout seul et puis voilà, il évolue tout seul.
Stereo Total, ils font quoi ?
C’est de la pop sautillante franco-allemande. Leurs chansons parlent d’amour, de cul et de petites choses de la vie. C’est assez décalé.
C’est
un rêve depuis longtemps, de les faire jouer ?
C’est un groupe que j’avais envie d’inviter depuis super longtemps. Ils ont
toujours été alternatifs, ils ne sont pas entrés dans des systèmes trop
mainstream. Du coup, malgré que ce soit un gros groupe, c’est un groupe qui
colle bien à Mon Cul Ta Praline. Et puis, ils sont rigolos.
Qu’est-ce
qui te fait bander dans les soirées ?
J’aime bien les soirées avec des coins sombres. J’aime bien les soirées où les
gens ne se la pète pas. J’aime bien les soirées où la musique ne se la pète
pas. Et j’aime bien les soirées avec des surprises dedans. Comme une boîte :
t’arrive, t’ouvres une boîte et il y a des trucs dedans que t’attendais pas.
C’est pour ça, par exemple, que la tombola, c’est un truc qui colle bien à Mon
Cul Ta Praline : t’as un numéro et t’as le grand frisson !
Qu’est-ce
qui te fait bader dans les soirées ?
J’aime pas les soirées où les gens se la pète. J’aime pas les soirées où
l’alcool est trop cher. J’aime pas les soirées où il y a des physionomistes
atroces, comme à Paris et aussi un peu maintenant ici, déjà. Moi, les physios,
je déteste, la plupart du temps, t’as l’impression qu’ils n’ont pas de cerveau.
Un plaisir honteux ?
Honteux ? Oh ! j’aime bien les vieilles merdes musicales. Parfois, je m’écoute du Mireille Mathieu. En allemand.
Photos : Nadia Hamri