Experimental Tropic Blues Band, « Faites de la musique ! »

Après leur excellente prestation à Bruxelles-les-Bains, nous retrouvons Jeremy Alonzy, alias Dirty Coq, bassiste et guitariste du burné trio liégeois qui n’a pas oublié les racines du rock n’roll.

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Qui êtes-vous ?
Jeremy : Nous sommes Experimental Tropic Blues Band. À ma gauche, ici, il y a Jean-Jacques Thomsin alias Boogie Snake…
Jean-Jacques [gêné] : Je ne reste pas, hein.

Jeremy : …qui joue de la guitare et il chante dans le groupe, ainsi que moi, je joue de la guitare aussi mais je fais plutôt les basses.

Vous avez une actualité, là ?
J : Alors oui, ça fait un an qu’on a sorti un disque qui a été enregistré à New York avec Jon Spencer. Et, là, nous allons sortir un disque qui s’appelle The Belgians, qui est un concept album qui parle exclusivement de la Belgique. Et nous avons eu la grande chance de proposer ça au public de Dour cette année. Et il y a des projections vidéo. On a le soutien de la Sonuma qui est une grande boîte d’archives… la plus… c’est la boîte d’archives wallonne… des archives, quoi ! Ils ont tout. Depuis que le cinéma existe, depuis que la vidéo existe, ils ont tout ce qui est belge — wallon en tous cas.

Et donc, vous allez bosser aussi avec des vidéos ?
Et donc, voilà. On a fait un premier jet à Dour et on aimerait bien réitérer l’expérience avec un vrai spectacle. Parce que là, ça a été vite fait. Alex Stevens nous a demandé de venir jouer à Dour, nous on a dit oui sans savoir même qu’on allait faire des projections vidéo…

Vous allez continuer à enregistrer aux États-Unis ?
Euh non. En fait c’était Jon qui nous a demandé juste si on était chauds à l’idée de faire un disque avec lui. On a dit oui. Et puis voilà. Ça s’est fait naturellement, quoi. On n’a pas cherché à faire un disque avec lui, en fait. Ça a été une rencontre et puis voilà.

Qu’est-ce qui te fait bander dans la musique ?
Je ne crois même pas que c’est bander, c’est vivre, en fait. Si j’ai pas la musique, je ne vis pas. Parce que je ne sais faire que ça. Si je ne faisais pas ça, je meurs. Je travaille à l’usine, je fais des trucs, je… je peux peut-être monter et démonter des scènes, voilà. Ça, je peux faire. Mais, voilà. Moi, si je ne fais pas de musique, je suis quelqu’un de… je ne suis personne.

Qu’est-ce qui te fait bader dans la musique ?
Les longues tournées, loin de ma famille. Ça, ça me fait bader. Ça me rend triste. Des fois, c’est dur. Mais, la plupart du temps, c’est super. Parce que ça pourrait paraître un peu… ça pourrait paraître un peu prétentieux…

Un mec qui surgit en backstage : On voulait te dire au revoir. On venait interrompre l’interview pour te dire au revoir. On peut ?
Jeremi : Je vais aller dire au revoir, hein.
M : Salut, mon Jerem ! Et sinon, lui, il n’a pas arrêté de regarder ton pénis !
J : Ha ! c’est le mec qui vend les keftas ! [rire général]
M : Vous n’avez pas de la bière ?
J : Non, on n’a que du Pepsi et de l’eau.
M : Mais non ?
J : Si, je te jure !
M : Bonne interview, en tous cas !

J : On en était où?


Prétentieux, bader, tournée.
Oui, c’est ça qui me fait bader, en fait. C’est être loin de ma famille. Tu vois, ça peut paraître prétentieux parce qu’il y a plein de mecs qui ont envie de faire des tournées etc.

Mais vous tournez beaucoup, aussi.
On tourne beaucoup, on fait beaucoup des tournées de quinze jours et tout ça. C’est toujours excitant, hein, ça n’a rien à voir mais il y a un moment où tu deviens un peu fou, tu vois.

Par rapport à cette scène liégeoise assez pop, finalement, vous revenez vachement plus aux sources du rock avec un côté plus country, plus blues…
Oui. On a toujours été comme ça. Même ados, on faisait de la musique, on voulait toujours la faire différemment. Même avec notre petit esprit de l’époque. On avait toujours des influences qui étaient un peu bizarroïdes. On écoutait Captain Beefheart, des trucs tordus, quoi. On écoutait des trucs un peu tordus, qui sortaient de l’ordinaire pendant que d’autres écoutaient Led Zeppelin et les Who.

Colonel Bastard, c’est fini ?
Oui. Maintenant, je suis tellement cher que plus personne ne veut que je joue ! Ça a été ma technique pour arrêter : j’ai eu beaucoup de propositions et j’ai demandé deux mille euros et personne voulait m’engager. [rires]

Tom (rédac chef qui prend des photos, et bassiste qui se pose des questions) : Quel conseil tu donnerais à un bassiste qui a envie de faire un peu de guitare et qui sait qu’on peut se passer de basse de temps en temps ?
Tu veux savoir si il y a moyen de faire de la basse avec une guitare, c’est ça ?
T : Non, je sais qu’il y a moyen, avec une bonne disto et des bons potentiomètres, on peut se passer de basse pour donner l’énergie… Qu’est-ce que tu conseillerais à un bassiste qui a envie de toucher la guitare comme ça ?
Moi, je ne conseillerais pas à un bassiste, je conseillerais à un groupe : « Ben faites de la musique, peu importe les instruments que vous utilisez. Remplissez le spectre auditif avec tout ce que vous pouvez. Même des pets ! Avec des rots, je sais pas moi, faites de la musique ! Peu importe. Peu importe, finalement. On n’a pas besoin d’une basse, d’une guitare et d’une batterie pour faire de la musique ! On n’a pas besoin de ça. Il y a même des gens qui font de la musique avec des légumes ! Donc, voilà. On n’a besoin de rien. »

Un plaisir musical honteux ?
Oh, oufti, un paquet ! Le dernier disque que j’ai acheté, c’est un album de Johnny. Il était vraiment dans le creux de la vague. Il y a un morceau qui s’appelle Je suis né dans la rue et à la fin du morceau, il parle et il dit « J’espère que vous avez bien aimé mon disque et que le nouveau son de Johnny vous a plus ! À bientôt ! » et puis il rit ! C’est incroyable ! Ça et Joe Dassin, j’adore ! J’adore, j’adore ! J’adore Mike Brant aussi ! Mike Brant, ça me touche très fort ! [il chante] « Laisse-moi t’aimer », ça, ça me tue ! C’est triste et tout, c’est magnifique ! J’aime aussi les trucs bien débiles, genre La danse des canards et tout ça.

Tu nous racontes une blague ?
Alors, c’est une blague de mon fils, qu’il a inventée. C’est une fois Coco — c’est lui, Coco. Euh…. Je vais la faire avec toi. C’est une fois Clotilde qui va à la boulangerie et qui dit « Bonjour tout le monde ! » mais il n’y avait personne. [rire]

Photos : Thomas Halter