C’est à la Porte Noire où ils joueront ce jeudi que nous avons rencontré les gars de La Horde, de fort drôles de troubadours. L’occasion de nous faire découvrir leur amour du folk trad et de la fête.
Vous êtes qui ?
Arno : Nous, c’est La Horde, on est la horde. C’est dit dans la chanson Pour la horde, c’est une chanson qui nous présente, nous. Faut l’écouter. Moi, je suis le violoniste, enfin, l’altiste du groupe. C’est un gros violon — ou un violon pour gros.
Mathieu : Voilà, moi, c’est Matthieu, bouzoukiste, mandoliniste et vannepourriste.
Nicolas : Et moi, c’est Nico, la grosse caissière du groupe. Et il y a Phil qui n’est pas là pour cause de ski.
C’est quoi, la Horde ?
N. Alors, la définition du dictionnaire, c’est un groupe de gens aux intentions malveillantes.
A. Mais c’est surtout un groupe de musique qui a vu le jour il y a plus ou moins cinq ans et qui commence à sortir de l’ombre sur la scène folk et GNiste du monde entier de Belgique.
C’est quoi, votre rapport avec le GN ?
M. On ne voit pas le rapport.
N. Moi, je dis qu’il bluffe.
M. En fait, il n’y a qu’un seul GNeur dans le groupe — oui, c’est une grande blague chez nous, c’est « Comment est-ce qu’on appelle les gens qui font du GN ? Ce sont des gêneurs. » Il n’y a que lui, il n’y a que Nico. Ce qu’on a en commun avec l’esprit GN, je pense, c’est ce côté un peu drôle que tu retrouves dans la plupart des parties de jeu de rôle.
N. Pour moi, c’est un truc sérieux, hein.
A. En fait, je crois que comme pour les jeux de rôle, on fait des conneries mais super sérieusement. On est rentrés dans le circuit du jeu de rôle parce qu’on fait du folk, de la musique un peu médiévale et que, dans ce genre de milieu-là, ils aiment bien ça. On a aussi fait la première partie de Naheulband à un gros festival en Normandie et donc évidemment, on est tombés dans l’escarcelle de leur public. Depuis, on est fort catégorisés « jeu de rôle » mais on ne s’arrête pas là. On fait surtout de l’animation folk.
C’est quoi, vos instruments bizarres ?
M. En soi, le bouzouki, l’instrument que je fais principalement, c’est une mandoline mais beaucoup plus grave. C’est un instrument qui a huit cordes au total et qui sonne très très méd, qui est vraiment très très agréable à jouer, qui a vraiment une très chouette couleur. Alors, à côté de ça, il y a la mandoline qui est un mix entre un violon et une guitare : ça se joue à peu près comme une guitare mais ça a la même tessiture et les mêmes accordages qu’un violon.
Comment t’en es arrivé à jouer des instruments, comme ça, moins usités ?
M. Dix ans de guitare classique, du rock n’roll, du heavy metal, un peu du jazz : donc tu commences par brasser le plus d’horizons possibles. Un jour, tu tombes dans un groupe où on te met une mandoline en main, pour tester un truc et tu te fais « Oh ! putain ! c’est drôle comme instrument ! » : c’est très très amusant et très chouette à jouer. Donc là, j’en achète une. Et puis quelques années plus tard, je retombe vraiment dans tout ce qui est très folk et pagan folk, ici sur la scène européenne et là, je découvre le bouzouki : « waw ! cet instrument sonne vraiment terrible ! ». J’en ai acheté un pour essayer et puis, voilà, maintenant, je ne fais plus que ça.
Vos spectacles, ce sont des shows aussi.
A. Ah ! c’est très chaud, oui. [Rires] On définit La Horde comme un groupe cinquante pour cent comique, cinquante pour cent musique. On travaille énormément au niveau de la musique et de la mise en scène. Mais effectivement, on est là pour faire marrer les gens, c’est des sketches, c’est des chorégraphies à deux balles, c’est énormément de trucs qui bougent dans tous les sens. On fait participer beaucoup le public à ce qu’on fait. On fait aussi des chansons qu’ils connaissent, notamment Jean Petit. Ben voilà, les gens, ils dansent avec nous, ils chantent avec nous. En fait, on n’est pas un groupe de musique, on est un support de fête.
N. Voilà, on sait qu’on est là pour s’amuser, pour faire la fête. Pour le faire, on considère qu’on doit pouvoir reprocher le moins de choses possibles à la musique, donc on essaie de reproduire quelque chose qui techniquement et musicalement fonctionne bien.
Et vous proposez aussi une version des spectacles avec jongleurs, cracheurs de feu, etc.
A. Ça c’est une autre partie de ce qu’on fait : de l’animation en rue, notamment avec une troupe qui s’appelle « Les Orryflammes » : des cracheurs de feu, des jongleurs, des échassiers et qui travaille beaucoup ici en Belgique. Matthieu fait aussi partie d’une troupe d’animation médiévale qui s’appelle « Tan Elleil » avec qui il travaille beaucoup en France. À ce moment-là, on devient une « musique de fond » d’un spectacle. C’est une autre des facettes de La Horde.
Qu’est-ce qui vous fait bander dans la musique ?
M. Les nichons.
A. Les boobstache !
N. Les fameuses boobstache qui sont nées ce week end !
M. Il y a des gonzesses qui ont débarqué pour me demander de dessiner mes moustaches sur leurs seins. Ma première réflexion a été de leur dire : « Ah ! ben ça va me changer de signer des culs de mecs ! »
A. Parce qu’on signe des culs de mecs, hein. Il y a des mecs, ils débarquent et ils nous disent : « Eh ! j’ai pas l’album, tu voudrais pas signer mon cul. — D’accord ! »
A. Attends, on va reprendre la question dans le bon sens : il y a un truc qui est énorme quand tu montes sur scène, c’est à partir du moment où tu vois les yeux des gens qui s’agrandissent au fur et à mesure de tes conneries. Le sourire qui monte jusqu’aux deux oreilles. Là, tu sais que t’as réussi ton boulot, t’as réussi à rendre quelqu’un heureux et ça c’est impayable. On vit surtout grâce à ça, apporter beaucoup de bonheur aux gens, les faire marrer et déconner un bon moment avec eux.
Qu’est ce qui vous fait bader dans la musique ?
M. Le travail qui est fait par les grosses boîtes de prod pour vendre de la merde en te disant que c’est ça, la musique. Même le plus mauvais concert, ça reste un concert où toi, t’essaies de faire quelque chose et de le partager. Après ça, tu vois des machins comme The Voice : ce n’est plus de la musique, c’est du marketing.
Un plaisir musical honteux ?
M. J’ai l’album de Günther.
A. Il y a une chanson que j’adore, qui est devenue un hymne au bureau. C’est dans Charlie’s Angels, le film avec les filles, là. A un moment donné, t’as ces trois filles qui viennent faire un petit spectacle de yodel, elles se mettent des petites claques sur les fesses… À mon avis, je couperais la musique, je l’aimerais tout autant mais voilà, ça a son petit charme… le charme bavarois de la fessée…
N. Je n’ai pas de plaisir honteux parce que je n’ai aucune honte avec la musique. Je suis quelqu’un qui a des goûts musicaux hyper éclectiques, j’écoute vraiment beaucoup de trucs…
M. Mais t’as pas voulu de mon album de Günther !
N. Mais tu ne me l’as pas vraiment proposé ! Je suis sûr que tu m’aurais donné ton album de Günther, je l’aurais pris avec plaisir, quoi !
Vous m’avez dit que vous étiez drôles, donc je vais vous demander à chacun de me raconter une blague.
M. Là, ça va être dur, parce qu’il va falloir choisir !
A. Quel est le point commun entre une Ferrari et une petite fille ? C’est pas facile de rentrer dedans, mais une fois que tu y es, ça déchire !
N. Qu’est-ce qu’il y a de pire que de faire tourner un enfant mort à une corde ? L’arrêter avec une pelle.
M. Moi, je vais la faire plus soft, pour changer… Tu connais le point commun entre un ascenseur et une femme ? Tu mets ton doigt où t’habites.