Backstage du Brussels Summer Festival. Madé J picole, fume, rigole. Il vient de sortir de scène. Et c’était un putain de concert ! Genre le résultat des fornications de Robert Johnson et de Poison Ivy. L’arbre du rock n’roll, la scène comme un coma de trois secondes, un sein qu’il agrippe… je mets qui que ce soit au défi de s’emmerder avec cet adorable sale gosse !
(english version here)
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Qui es-tu ?
Je m’appelle Steve Johnson ! [rires] Je bosse dans un garage et
et je ne sais pas trop bien pourquoi ils m’ont laissé rentrer ici… [rires] Non, je m’appelle Madé J, je
viens de Denpasar, au
Bali et j’habite en Belgique. Pourquoi ? Putain ! J’en sais rien ! [rires]
Ça fait combien de temps, là, que t’es en Belgique ?
Presque sept ans.
T’avais prévu de
rester ?
Non, pas du tout. À la base, je suis venu, comme tout le monde, à cause d’une
gonzesse. Je devais passer un week end avec une fille puis, j’ai eu des
concerts et puis tout le monde boit ici et je me suis dit « Putain ! c’est
sympa, cette ville ! » Du coup, je suis resté plus longtemps et puis voilà.
Puis, j’ai eu un contrat pour un disque et maintenant, je vis comme une putain
de rockstar ! [rires]
Alors, t’as vécu à Londres…
Oui, j’ai vécu à Londres, j’ai vécu à New York, à la Nouvelles Orléans, j’ai
vécu un moment à Dublin, j’ai vécu un moment à Paris, j’ai aussi vécu en
Australie pendant un moment, et puis à Bali, évidemment…
Mais t’as choisi la Belgique ?
Je ne suis pas vraiment sûr de l’avoir choisie, mais je l’aime bien. Jusque là,
c’est l’endroit d’Europe où je préfère vivre. Et j’en ai vues, des villes!
C’est juste cool. Tout le monde est super cool. Vachement plus qu’ailleurs. Par
exemple, mon frère vit à Cologne et je vais parfois lui rendre visite. La nuit,
Cologne, j’adore. C’est super ! Tout le monde est super. Genre tout le monde
boit et fait la fête, c’est bien. La journée, je DÉTESTE ! Tout le monde est
là, genre « Au secours ! le bus arrive dans trois secondes et demi ! » [rire] C’est la même chose à
Londres, pendant la journée, tout le monde est méga à la bourre, ou à Barcelone…
Mais à Bruxelles, personne n’est jamais comme ça, tu vois ? Du coup, j’aime
bien.
C’est intéressant, niveau musique, d’être à Bruxelles aujourd’hui ?
À fond. Le milieu rock est vachement mieux que dans plein d’autres endroits.
Tout le monde s’entraide. Puis il n’y a pas de séparation entre les différents
milieux, genre les punks d’un côté, les métalleux de l’autre, puis les stoners,
les rockabs etc. Tout le monde fait la fête avec tout le monde et tout le monde
est là pour tout le monde. C’est juste une super ambiance. Dans plein d’autres
endroits, on n’arrête pas de te dire : « Faut que tu viennes nous voir jouer! »
mais quand il faut venir te voir toi en concert, il n’y a plus personne.
Il y a pas mal de groupes qui reviennent aux débuts du rock pour le moment. C’est pas un moment étrange, là, où ce qui est le plus nouveau est ce qui reprend le plus vieux ?
Je pense que pour connaître un style de musique, tu dois en connaître les débuts. J’ai commencé à jouer — il y a bien longtemps — à cause de Pantera. Je les écoutais et je me suis tombé sur un super solo de guitare et il y avait ces licks dedans et je me demandais ce que c’était. Puis j’ai écouté Jimi Hendrix et je me suis rendu compte que lui aussi faisait ce même putain de truc. Puis je me suis rendu compte que ce truc, là, c’était le blues. J’écoutais Muddy Waters et je me suis rendu compte que ça venait de là. Puis j’ai remonté jusqu’au blues du Delta, genre Robert Johnson et c’était ça, ce que je préférais. Du coup, j’ai commencé à en jouer, j’étais à fond dedans. J’ai été au Mississippi et j’ai joué avec les vieux types, tu sais, les vieux de la vieille. Ils m’ont appris à jouer du slide guitar, ce genre de trucs. Après, j’ai pu avancer.
C’est genre comme un arbre, tu vois ? Les racines sont là [geste] et les feuilles poussent comme ça. Puis il y a des branches. Si tu commences avec une branche là [assez loin des racines], tu ne peux aller que jusque là [fin de la branche imaginaire, pas méga loin du point de départ]. Mais si tu commences de tout en bas, tu démarres au début et puis tu choisis toi-même ta direction [geste ample]. Tu peux même créer ton arbre à toi ! [rire]
Ça veut dire quoi, pour toi, la musique ?
Ça veut dire que je baise plus souvent ! [rires] Et que je me
bourre la gueule à l’œil ! [rires] C’est pour ça que j’ai
commencé !
Tcheu, on dirait
ma vie !
Oui, mais t’es une fille, c’est plus facile ! Moi, je dois trouver des autres
trucs !
Et moi, je peux
toucher des seins quand je veux !
[rires] C’est cool, dis ! Moi aussi
! [il me chope le
sein] Question
suivante !
Un plaisir honteux ?
La plupart des trucs que je fais peuvent être considérés comme ça ; il y a
tellement de gens qui ont l’air de ne juste pas capter ce que moi, je trouve super
normal. Il n’y a rien dont je me sente coupable — enfin, presque. Il y a des
trucs, quand j’y repense, je me dis que je n’aurais sans doute pas dû les
faire. Mais c’est la vie, quoi ! Je préfère faire quelque chose et puis
m’excuser plutôt que de me prendre la tête avant avec des regrets potentiels.
Et ça a été quoi, le déclencheur, quand t’étais à Bali, pour voyager comme
ça ?
C’est Robert Johnson, le guitariste de blues. Je l’ai découvert quand j’avais
seize ans et je me suis dit qu’à défaut d’arriver à son niveau, je pouvais au
moins vivre comme lui. En fait, Robert Johnson, à dix-sept ans, il a voyagé
tout seul à travers les États-Unis et il a rencontré plein de gens qui lui ont
appris plein de trucs. Du coup, je me suis dit que c’était ce qu’il fallait que
je fasse. J’avais dix-sept ans et je suis parti avec une valise et une guitare.
C’est toujours ce que je fais aujourd’hui. Et c’est une bonne chose, c’est bien
parce que je veux jouer, je veux jouer à fond. Mais le temps passe super vite
parce que tu ne peux jamais garder un truc, tu vois ? T’es tout le temps en
train de bouger. Et tout ce qu’il t’arrive, ben c’est toujours le bordel. Parce
que ce que tu fais, c’est juste voyager dans le monde entier pour jouer de la
guitare. Donc bonne chance si tu veux avoir une copine ! [rire]
T’essaies de faire passer un message à nos lectrices ?
Je veux tirer mon coup ! [rires] Oui, non, mais bon, c’est
une putain de vie de nomade, quoi. Je me rends compte de ça, maintenant. Tu ne
peux pas tout avoir, quoi. Donc voilà, faut faire avec.
On peut te retrouver sur facebook ?
Je suis partout ! Facebook, instagram, twitter, tout ce que tu veux ! T’inquiète, c’est cool, il y a toujours bien une manière de me retrouver! [rires]
Qu’est ce qui te fait bander dans la musique ?
L’énergie. C’est une question d’énergie. Si ça sonne, j’aime. C’est une
question de feeling, tu sais ? C’est le truc le plus important.
Qu’est-ce qui te fait bader dans la musique ?
Quand il y a un groupe que j’aime vraiment, que je vais les voir en concerts et qu’ils jouent genre « il y a une chanson derrière moi ? », tu vois ce que je veux dire ? Moi, j’ai besoin de faire des concerts. Enregistrer des albums, tourner des clips, faire toutes ces conneries, les interviews, tout ça… tu le fais parce que tu dois le faire. Mais tu le fais parce que ça te permet de faire des concerts et c’est ça qui est important.
Franchement, quand je fais un bon concert, je me souviens de genre trois secondes. Le reste, c’est comme coma, putain, tu vois ce que je veux dire ? T’arrives, tu te souviens du premier accord, tu te souviens d’un moment au milieu où t’as fait un truc bizarre et tu te souviens de la fin. Et voilà. C’est juste des putain de flashes de quelques secondes ! Et c’est un bon concert. Parce que ça veut dire que t’étais complètement dans le moment et seulement dans le moment.
Tu nous racontes une blague ?
Pourquoi il y a tant de problème de pédophilie en Belgique ? Parce qu’il y a
trop d’enfants sexy.
Photos : Gautier Houba