Nous avons, Célestin de Meeûs et moi, fait un exercice sur l’orgasme : après avoir couché ensemble, nous avons chacun, sans regarder le travail de l’autre, décrit cette relation sexuelle-là. Ces textes sont donc un diptyque. Le sien est Consumés.
L’eau
surgit comme un éclat de rire.
Ma chatte pleure de gratitude.
D’orgasme en orgasme, dans mon jaillissement fontaine, je deviens rivière
riante et je deviens vaisseau.
Ton liquide à toi puis ta bite encore longtemps dans ma bouche. Sculpter ses soubresauts. La tenir au chaud, au doux, comme un animal perdu. Forte, aussi, animal sauvage endormi.
Le lion entrouve l’œil. Continuons de jouer.
Mes
orgasmes ne sont plus événements, ils deviennent état.
Rejoignent les tiens, s’en nourrissent.
On entre dans
un autre temps. Juste le début. Juste la porte. Et la fin. L’alpha et l’oméga.
L’univers est en moi, je suis passage. Passage entre nous. Passage vers
l’Autre.
Les digues s’écroulent encore et encore.
Je me
perds, je me trouve. Je ne maîtrise plus mes mouvements. Ils me portent. Prise
par l’énergie. Flot et vaisseau.
Je rentre dans l’autre monde. Deux plans différents. Mon corps avec toi, moi et
l’univers. Deux endroits, deux états. Deux maisons. Ensemble. Être tout. Je
suis l’univers, je suis dans l’univers, l’univers est en moi.
Ciel et Terre, Ouranos et Gaïa, nous rejouons le très vieil et immémoriel jeu
de l’Homme et de le Femme. Un truc qui rentre dans un truc qui reçoit. Depuis
la putain de nuit des temps. Alpha et oméga.
Je t’aime. L’amour
de toi rejoint l’amour du monde. Je suis dans cet amour. Je suis l’Amour. J’y
vogue. Il me traverse, du sommet du crâne à la chatte. Plus que moi et moi
plus. Chemin. Don. Gratitude.
Puissance d’orage.
Je tente de te rentrer dans cette boucle, de faire passer le flot du monde de ma chatte à ta bite, deux vaisseaux accolés. Bateaux ivres.
L’univers rit et nous sculptons l’amour.
Toutes les femmes du monde dans mon corps qui se tend. Les venues, les à venir, les présentes. Les exploratrices. Les timides. Les putes sacrées. Les sorcières. Celles qui savent que ça vaut la peine de donner sa vie parce qu’elles ont trouvé ça. Depuis que l’humanité est humanité. Amour à travers les âges.
De grands soubresauts. Je tremble. Électricité. Épilepsie.
Tu jouis en moi. Ma terre, ta rosée. Les corps s’apaisent doucement.
Contractions, encore. Ondes. Du creux aux extrémités. De loin en loin, petits cailloux d’orgasmes semés dans la forêt.
Gratitude. Faire l’amour, vivre la joie.
Illustration : Rita Renoir