J’ai demandé très souvent, lors de mes interviews, qu’on me raconte une blague.
Déjà, moi, dans la vie, j’aime ‘co ben rigoler, mais surtout, je trouve que le type de choses qui fait rire quelqu’un ainsi que la manière dont il raconte une blague — surtout quand son interlocutrice lui pose la question à brûle-pourpoint — en dit énormément sur cette personne.
Les voici donc rassemblées.
La horde :
Arno Quel est le point commun entre une Ferrari et une petite fille ?
C’est pas facile de rentrer dedans, mais une fois que tu y es, ça déchire !
Nicolas Qu’est-ce qu’il y a de pire que de faire tourner un enfant mort à une corde ?
L’arrêter avec une pelle.
Mathieu Moi, je vais la faire plus soft, pour changer… Tu connais le point commun entre un ascenseur et une femme ?
Tu mets ton doigt où t’habites.
Pascal Hologne :
Je suis pressé donc je vais faire une blague qui est vraiment de circonstances.
C’est l’histoire du petit toutou, c’est une histoire que mon père me racontait souvent quand il en avait marre : c’est l’histoire du petit toutou et quand c’est fini, c’est tout.
Valéry Rosier :
Ça va être une magnifique blague pour un article par écrit ! C’est euh… Attends, merde, ça va comment, encore cette blague ?
Tu connais la blague du menuisier qui a perdu un doigt ?
Eh ben, elle est comme ça !
Retranscris-la telle quelle, sans même dire ce que je fais !
Françoise de Stereo Total :
Alors, je te traduis une blague qu’on m’a racontée en allemand.
Un type arrive en courant à une station service, il se déculotte, il prend le bidule, le pistolet, là, pour le machin… comment ça s’appelle, ce truc ? Pour mettre l’essence, là. Oui, enfin, le pistolet à essence. Il se le met dans le cul, il appuie.
Le mec du garage sort de la station service. Il sort, il lui dit : « Mais, c’est pas normal ! »
Et il dit : « Non, c’est super ! » [rires]
Voilà, c’est ça, la blague. C’est complètement con ! [rires]
Myriam Leroy :
Attends, j’en ai entendu une, l’autre jour… Merde, je ne m’en souviens pas ! Je te raconte la seule blague que je connais. C’est une blague qu’on m’a racontée quand j’avais douze ans, hein — et à douze ans, je la trouvais géniale ! Mais c’est très mauvais. Donc, si vous voulez ne pas rire, je ne vous en voudrais pas.
Alors, c’est une gonzesse qui accouche. L’accouchement est très douloureux, elle est à l’hôpital, ça ne s’est pas très bien passé… La délivrance a eu lieu mais ça a duré des heures, des heures, des heures. L’infirmière lui prend son bébé pour lui faire sa toilette, part un petit temps et puis revient avec le bébé emmitouflé dans une petite couverture. Moment de plénitude et de communication totale entre la mère et l’enfant.
L’infirmière lui tend son enfant et au moment où la mère, une petite larme de joie à l’œil, veut saisir son bébé, l’infirmière prend le gosse, le balance contre un mur, lui shote dedans, sur le crâne…
Et la mère fait : « Mais enfin, que faites-vous à mon enfant ? »
Et l’infirmière répond : « Poisson d’avril, il était déjà mort ! »
Isabelle Wéry :
C’est deux bites qui vont à la plage. Et il y en a une qui dit à l’autre : « Bon je vais me baigner, tu gardes les sacs ? »
Daniel Hélin :
Je ne sais pas raconter de blagues. Je ne connais pas de blagues. Je fais bien les feintes sur le moment : des fois, elles tombent, tchouk ! mais…
Euh, j’ai les bêtes blagues que me raconte mon filleul. Je t’en fais une ?
David Bowie et Lady Di, ils ont deux garçons, ils s’appellent comment ?
Kent et Alain. Parce que Bowie Kent et Alain Di.
Et voilà ! C’est con, hein ?
Camille de Pull de cheval :
Ah ben je vais vous raconter une blague de Vuillemin.
C’est une petite fille qui est dans la rue en train de fumer une clope. Mais vraiment, elle a son cartable, ses petites couettes, son petit chemisier rose, ‘fin, elle a vraiment pas plus de dix ans, quoi, voire même bien moins. Elle fume une clope dans la rue et t’as un monsieur qui passe et il lui dit : « Mais tu fumes une clope ! À ton âge ! Mais c’est juste pas possible ! Pourquoi t’es en train de fumer ? »
Et elle fait : « Oh, j’aime bien de fumer une clope, comme ça, quand je viens de faire l’amour ! »
« Quoi ? À ton âge ! Tu viens de faire l’amour ! Mais pourquoi ? Avec qui ? C’est pas possible ! T’es trop jeune ! »
« Avec qui ? Oh mais j’en sais rien, j’étais complètement bourrée. »
Jeremy de Experimental Tropic Blues Band :
Alors, c’est une blague de mon fils, qu’il a inventée.
C’est une fois Coco — c’est lui, Coco. Euh…. Je vais la faire avec toi.
C’est une fois Clotilde qui va à la boulangerie et qui dit « Bonjour tout le monde ! » mais il n’y avait personne. [rire]
Made J :
Pourquoi il y a tant de problème de pédophilie en Belgique ?
Parce qu’il y a trop d’enfants sexy.
It It Anita :
Mike Comment c’était le truc ? J’ai oublié ! Ha non, j’ai oublié !
Le vendeur de trucs vietnamien sur le marché, là ! On lui vole un truc et il dit : « C’est ma nem, c’est ma nem ».
Damien Ha ! « C’est mes nems ! » Non ?
Mike Non. J’ai oublié le truc… J’ai pas le début, j’ai pas la fin, j’ai que le milieu mais c’est pas grave !
Mike Diana :
J’en ai une bonne mais elle est visuelle.
Pas de problème, on va la filmer !
[C’est ici et en anglais.]
Moi et mon frère et mon père, on est allé à l’église. Une église catholique. On est assis à la messe et à l’église, tu dois te lever, te ré-asseoir, tu sais, selon les différentes parties de la messe.
Devant nous, il y a une grosse dame avec une robe. Moi, mon frère et mon père, on est assis là, derrière.
« Que tout le monde se lève, s’il-vous-plaît ! » La femme se met debout et sa robe est coincée dans sa raie du cul. Mon frère, qui est un mec poli, s’empare de la robe et la sort de là. Elle se retourne et lui donne une gifle, tu sais.
Puis le prêtre dit « Ok, asseyons-nous tous ! » du coup, on s’assied tous.
Après un moment, faut se lever à nouveau : le prêtre dit : « Ok ! Debout ! » et on ne veut pas être les seuls à ne pas le faire, du coup, on se lève. Et, de nouveau, la robe dans la raie du cul. Ce coup-ci, c’est mon père qui la retire de là, tu sais. Elle se retourne et le gifle.
Il est temps de se rasseoir, du coup, on s’assied, histoire de ne pas se faire remarquer.
Et puis il est temps de se relever. Et cette fois-ci, la robe n’est pas coincée et du coup [mouvements des mains] je l’ai poussée là dedans.
Ivan Julian :
C’est mon anecdote préférée, je l’ai chopée dans un livre. C’est aussi pour te dire à quel point nous, les punks, on est redevables au jazzmen. Eux aussi, ils se sont battus pour tout le machin : pour avoir leur identité musicale, pour avoir des lieux où jouer et tout le reste.
Donc voilà : c’était l’époque où Miles Davis jouait dans le groupe de Charlie Parker ; et ils sont tous les deux installés à l’arrière d’un taxi qui va vers le Village [Greenwich Village, à New York, ndlr].
À l’époque, c’était encore des gros taxis, un peu comme en Angleterre, avec plein de place à l’arrière.
Charlie Parker se met à bouffer du poulet. C’est ce qu’il fait : il bouffe du poulet ! Mais il ne s’arrête pas là : il se fait tailler une pipe, aussi. (Parce que bon, hein, qui n’a pas envie d’une pipe ? Merde, quoi, je veux dire, qui peut bien ne pas vouloir de sexe oral ?) Bref. C’est ce qu’il est en train de faire, quoi ! Le taxi qui va bientôt arriver dans le centre-ville, et Charlie Parker est là, à bouffer son poulet, avec la fille qui fait : « blup blup blup blup blup », tu vois ? Comme ça !
Charlie jette un coup d’œil à Miles et il lui fait : « C’est l’horreur pour toi, hein ? Ça te choque à fond, hein ? » Et Miles lui fait : « Ben oui, évidemment ! Déjà, je n’ai aucune envie de voir tes conneries, là ; mais en plus, on va arriver dans le Centre, quoi ! »
Et là, Charlie lui répond : « Ben ne regarde pas, alors, Ducon ! » [Rire]
Didier Super :
Tu veux une blague ? Attends… Qu’est-ce que euh… Ça fait longtemps que j’ai pas raconté une blague ! Euh… Attends. Ça va venir, hein. De toutes façons, c’est du numérique, hein, ça use pas la bande !…
Hmmm… Une blague… Putain, je les ai toutes oubliées !
La seule que je connaisse vraiment, c’est : « Comment on fait pleurer une petite fille pour la deuxième fois ? C’est quand t’essuies ton zizi plein de sang sur son nounours ». Mais putain, c’est la seule que j’ai retenue !